Passer au contenu principal

Votre navigateur n’est malheureusement pas entièrement pris en charge. Si vous avez la possibilité de le faire, veuillez passer à une version plus récente ou utiliser Mozilla Firefox, Microsoft Edge, Google Chrome, ou Safari 14 ou plus récent. Si vous n’y parvenez pas et que vous avez besoin d’aide, veuillez nous faire part de vos commentaires.

Nous vous serions reconnaissants de nous faire part de vos commentaires sur cette nouvelle expérience.Faites-nous part de votre opinion(S’ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Elsevier
Publier avec nous
Connect

Le billet de Julien: Évoluer sans attendre

18 octobre 2016

Julien est un ESI de 3ème année qui s’exprime chaque mois sur un sujet de son choix. Aujourd’hui : Évoluer sans attendre

Nouvelle loi santé, évolution des pratiques avancées, rattachement à l’Université. La profession d’infirmière évolue et est, à mon sens,  à un virage vital pour son positionnement futur. Alors pour ce premier billet, j’ai décidé de parler de l’évolution de notre future formation et profession en se demandant qu’est-ce qu’on pourrait faire, ensemble, pour pousser les murs.

Edito Julien

Edito Julien

Et commençons par le début, c’est à dire le concours. Tu t’en souviens, ce moment difficile à passer ? Pour l’année scolaire 2015-2016, le nombre de place était fixé à 30 844. Sauf que tu as moins de 30 000 personnes qui participent au concours … tu comprends ? Si on ne se rate pas, on a une place. Certains demandent d’ailleurs à le supprimer. Bah oui, pourquoi le garder ? Si ce n’est pour payer parfois plusieurs centaines d’euros à chaque passage ? Et bien non, ce n’est pas si simple. Si tu veux une reconnaissance dans ton boulot, c’est le premier truc : la sélection de 30 000 places, passe à 15 000, là tu auras une vraie sélection d’entrée, donc plus de crédibilité, donc une meilleure reconnaissance. Qui plus est, moins d’étudiants signifie moins de sortie sur le marché du travail, avec potentiellement des salaires à la hausse.

Idéal ? Non, bien sûr. Mais cette solution temporaire permettrait de nous faire gravir d’un échelon dans la reconnaissance, car que tu le veuilles ou non, en France, les études sur sélections concours font partie des plus reconnues. C’est un fait. Et avant une intégration totale vers l’université, (et pourquoi pas, à ce moment-là, l’abolition du concours) 15 ans ce seront surement passés. Et comme l’article s’appelle “évoluer sans attendre” je te propose des solutions pour … évoluer sans attendre. Ensuite, tu as surement dû l’entendre dans les services, l’éternel “c’était mieux avant la réforme”.

C’était pas mieux, c’était différent.

L’avantage de la nouvelle réforme, c’est qu’on va intégrer le système LMD, et ça c’est essentiel pour l’évolution de la profession. On a déjà 30 ans de retard sur tous les autres pays, qui ont déjà des IDE niveaux masters RECONNUS et des chaires en sciences infirmières, avec des docteurs en Sciences Infirmières qui enseignent et font de la recherche. On ne va donc pas cracher dessus.

Mais tu le reconnaitras toi même, si tu ne fais pas la démarche de bosser, de faire toi-même les liens, d’aller trouver l’info, d’être curieux, tu peux passer à côté de beaucoup de chose. Le théorique est hélas moins cadré.

Côté pratique, les vieilles IDE ont -peut-être- raison … c’était mieux avant, du moins tu avais plus de temps de stage. On peut reconnaître ça effectivement. Mais comparer les deux n’est pas forcément le plus important. Ce qu’il faut regarder, c’est le contenu  en regard de notre capacité de futur IDE. Tu savais que tu pouvais prescrire des dispositifs médicaux ? Oui ? D’accord …

Tu savais que tu pouvais prescrire des pansements ? Oui ? Ok. Tu sais quoi mettre sur une plaie ? A titre personnel, si je devais attendre pour apprendre ça, je ne saurais pas grand chose. Les pansements, c’est notre champ de compétences par excellence. Pourtant tu trouves que durant le DE t’as beaucoup de cours sur le sujet ? Je te laisse te faire ton opinion. Il n’est pas normal qu’on doive faire un DU plaies et cicatrisation afin de se perfectionner dans un domaine qui aujourd’hui devrait être validé à 100% par le DE, au même titre que l’éducation thérapeutique.

Mon premier conseil : bosse les pansements, affute tes connaissances sur le sujets, fais toi des classeurs, des fiches, ce que tu veux, mais investis cette compétence. Idem pour le renouvellement de la pilule contraceptive : ne te contente pas de juste signer une feuille, profite en pour poser des questions basiques sur la contraception choisie de la patiente, profite-en pour dialoguer avec elle, savoir où elle en est, t’es pas un distributeur de médicament t’es IDE ! Le pharmacien derrière son comptoir et la fille devant avec 15 types derrières qui attendent pour du Smecta, elle osera peut être pas parler de sa sexualité et de sa santé … Et perfectionne tes connaissances. Un Gynécologue, c’est plus de 10 ans d’études, et c’est pas pour rien. Nous, on a 3 ans, avec combien d’heures investies sur cette capacité à renouveler la PC ? Dernière exemple, et pas des moindre. Depuis que la nouvelle loi Santé de 2016 est en place, on sera (et là je parle plus particulièrement aux 3e années) en capacité dès le DE obtenu de prescrire en première intention, sans que le patient passe par un médecin, des substituts nicotiniques. Une révolution pour les infirmiers en France !!!

Sauf que toi, tu t’y connais ? Moi non, et certains IFSI n’auront pas le temps de mettre des formations en place concernant cette compétence concrète. J’ai qu’un conseil : vas voir un médecin, un pharmacien ou mieux, un IDE avec un DU en tabacologie, harcèle le de questions, demande lui comment ça marche la prescription, les incontournable à savoir, etc. Ce droit, il est précieux et éphémère,  et je te garantis que certains dans les hautes sphères nous attendent au tournant pour dire “vous voyez, ça marche pas avec les IDE, ça coûte trop cher, etc …” ou “de toute façon, ils n’utilisent pas ce droit”.

N’oublie pas que ce droit de prescription, c’est juste l’un des leviers le plus important vers l’autonomisation de la profession, et là, c’est toi, c’est nous qui seront en prise direct avec le changement. A toi, futur IDE, d’en parler dans ton service et d’être vecteur du changement ! C’est chiant ? Parfois oui, souvent contraignant, mais si tu te plains et que tu veux que ça change, t’as pas le choix, il faut passer par là. Ça demande forcément des sacrifices, des heures en plus dans le service (non payé bien sur dois-je encore le préciser ?) à proposer des projets d’éducations thérapeutiques, de consultation infirmières etc.

Le changement passe par ces sacrifices. Et tu verras, quand nous auront mis des choses en place, quand on se sera cassé le cul, parce qu’il n’y a pas d’autres mots que ça, à proposer des initiatives concrètes pour le patient, là on pourra dire qu’on aura poussé les murs, et on sera en position de force. Alors à ce moment précis de l’article (si tu le lis encore merci mille fois !) tu te dis que j’ai tort, ou que j’ai raison, ou un peu des deux. Peut-être que tu te dis “ouai pourquoi pas c’est sympa, j’ai le temps …” Bah en fait non, t’as pas le temps. Tu n’es peut être pas sans savoir que se prépare en France une pénurie non négligeable de personnel médical. Ainsi qu’une désertification médicale de certains territoires. Attention, mon propos n’est pas de remplacer les médecins, le but est bien sûr de rester infimier.ière, avec notre rôle propre et notre valeur ajoutée !

Je te donne mon idée : à terme, je vois, de base 3 ans d’étude pour le DE, plus un an obligatoire de spécialisation.

Dans cette année de spé, tu aurais 6 mois de stage, et 6 mois de cours, sur une spécialité particulière.

Exemple : l’hypertension artérielle, le diabète et l’obésité, l’arthrose, etc. On deviendrait spécialiste dans un secteur en particulier, avec tout ce que cela implique de soins : ETP, surveillance pathologies et médicamenteuses, etc. Un droit de prescription limité nous serait donné. Le patient dans son parcours de soin passerait d’abord par un médecin, ensuite, un IDE de suivi le prendrait en soin sur une mission précise, selon sa spécialité de DE. Le médecin serait ensuite sollicité pour les complications, changement de thérapeutiques, etc. Le médecin pourrait s’appuyer sur une équipe performante d’IDE, encore plus qu’aujourd’hui. Sympa comme tableau non ?

Sauf qu’à l’heure actuelle, c’est pas du tout le projet de certains, qui préfèrent se concentrer sur la télémédecine : un médecin dans un CHU qui consulte par webcam. Les habitants du désert médical iront voir l’infirmier.ère qui tous les matins allumera son pc, cliquera sur la souris et placera les patients devant la webcam. Perso, j’ai pas travaillé 3 ans pour ça.

Je te laisse, là aussi te faire ton avis là-dessus, ne me crois pas sur parole, renseigne toi, tu verras. Ce que j’essaye de dire, à travers ces paragraphes, c’est qu’on ne peut pas uniquement compter sur les tutelles pour évoluer. C’est nous, les IDE de demain, qui devront imprimer notre marque et se l’approprier. Peut-être es-tu en première année, et tu ne te sens pas forcément concerné, peut être es-tu en deuxième année et t’as d’autre chose à faire que des fiches, des recherches et des trucs en plus. Et toi, la troisième année qui est en train de te dire “bon sang dans 9 mois j’y suis et j’ai la trouille” tu vas pas te rajouter encore des responsabilités. Je ne suis pas en train de vous dire que c’est facile, ce que j’exprime, c’est le fait que si vous avez envie de faire des choses pour vous et les autres à travers votre profession, c’est possible. Et c’est nous qui devons le faire, parce qu’on a l’énergie. Lancez-vous vous verrez, plein de personnes remplies de ressources vous suivrons.

29 ans, ESI promo 2017 Master II en gestion et management créateur du site www.wikifsi.com

Twitter @Martinez_J_(S’ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Toujours là pour t’agacer, mais jamais pour penser à ta place 

Découvrez l’édito de julien sur la contention veineuse.

Découvrez l’édito de julien sur la maltraitance quand on est soignant